La primevère

    Qui est la première à percer l’hiver,
    À remettre en vie la terre engourdie ?

    Elle a réservé sa place,
    Posé son petit coussin,
    Elle attend, ferme et vivace,
    Au premier rang du jardin.

    Elle a ciselé ses pétales,
    Et les a teints de jaune pâle,
    Elle a disposé ses fleurs
    Côte à côte et cœur à cœur.

    Aucun gel ni vent du nord
    Ne l’empêcheront d’éclore
    Pour assister, dans sa parure,
    Au grand gala de la nature.

    Sitôt qu’elle fleurit, le printemps frémit.
    Elle est la première, c’est la primevère.

Juliette dumas tulquin

Le printemps arrive et on voit émerger dans l’herbe, les petites clochettes jaune d’or de la primevère. La nature se réveille et c’est magique.

Il existe différentes espèces de primevères sauvages que l’on peut rencontrer dans la nature (plus de 30 en France). Celles que l’on aperçoit le plus fréquemment sont la primevère élevée, la primevère commune et la primevère officinale. C’est celle-ci qui va nous intéresser aujourd’hui. Toutes ont des propriétés médicinales et sont comestibles, mais c’est la seule qui est parfumée et sent bon le miel. En revanche, les primevères que l’on achète en jardinerie ne sont pas consommables et sont mêmes toxiques.

Description

La primevère officinale est formée d’une rosette de feuilles basales, ovales, allongées et très gaufrées. Les feuilles mesurent entre 5 et 15 cm de long et 4 cm de large. Les nervures sont blanchâtres et très marquées. Le rebord du limbe* est inégalement denté et souvent recourbé vers le dessous des feuilles qui est duveteux. Le pétiole est ailé.

Du cœur de la rosette de feuilles se développe une seule tige, d’une vingtaine de centimètres de long qui porte, à son sommet, une ombelle de fleurs jaune d’or, munies de 5 taches orange à la base des pétales, soudés entre eux. Les fleurs sont portées en grappe pendante sur un seul côté de la hampe florale. Les fleurs sont formées d’un calice en forme de tube bombé blanchâtre et velu d’où sortent les 5 pétales.

*limbe : il correspond à la partie large et aplatie de la feuille. Il prolonge le pétiole.

Botanique

La primevère officinale (primula veris) appelée joliment « coucou » est une plante de la famille des primulacées d’origine européenne et asiatique. Elle fleurit au mois d’avril-mai. C’est une vivace herbacée à fleurs jaune d’or dotée d’un feuillage semi-persistant. Elle mesure entre 5 et 30 cm de hauteur.

Vertus

Utilisée en phytothérapie, la primevère est reconnue pour ses propriétés :

  • expectorantes qui augmentent l’expulsion du mucus de la trachée ou des bronches par de l’expectoration ou de la toux.
  • antispasmodiques qui diminuent les contractions (spasmes) des muscles des voies digestives, urinaires et de l’utérus.
  • analgésiques qui agissent en traitement de la douleur.
  • diurétiques qui entraînent une augmentation de la sécrétion urinaire.

Attention, certaines personnes peuvent être allergique à la primevère.

En cosmétique

Il est possible de fabriquer des cosmétiques avec la primevère en réalisant un macérat huileux avec ses fleurs ou une infusion.

Les extraits de fleur et de racine de primevère ont des propriétés hydratantes, adoucissantes et reminéralisantes.

Recette du macérat huileux

  • Cueille des primevères en respectant les règles de la cueillette (ne ramasse que ce dont tu as besoin).
  • Ne ramasse que l’inflorescence en séparant la tige de la corole.
  • Nettoie les fleurs sous l’eau clair.
  • Fais les sécher dans un endroit aéré à l’abri de la lumière.
  • Prends un bocal nettoyé et stérilisé et tasse les fleurs séchées au fond du pot.
  • Recouvre les fleurs d’huile vierge première pression à froid, de préférence bio (tournesol, pépins de raisin, sésame ou amande douce). Attention l’huile doit recouvrir totalement les fleurs.
  • Referme le bocal sans trop serrer le couvercle (l’air doit pouvoir passer un peu).
  • Entoure le bocal d’un torchon, pour mettre le macérat à l’abri de la lumière du soleil, qui pourrait altérer le résultat attendu.
  • Place ton bocal au soleil pendant 1 mois en vérifiant et mélangeant régulièrement le contenu.
  • Au bout d’1 mois, filtre ton huile à travers un torchon ou de la gaze fine. Presse bien les fleurs pour extraire tous les principes actifs.
  • Stocke ton bocal dans un endroit frais à l’abri de la lumière.

Voilà ton macérat est prêt.

Utilisation du macérat

La primevère a des propriétés similaires à l’arnica, on peut faire un baume au macérat huileux de primevère ou utiliser celui-ci directement sur la peau en cas d’ecchymoses, bleus, douleurs articulaires par exemple, applique le macérât huileux sur la zone 3 fois par jour.

En cas de coup, applique directement après.

Ce macérât est très utile également en cas de piqûre d’insectes.

En cosmétique, on peut l’utiliser dans la fabrication de crème hydratante contre la couperose.

On peut également faire une infusion de fleurs* de primevères et l’utiliser en lotion pour la peau comme adoucissant, hydratant , mais également comme anti-démangeaisons sur les divers maux cutanés, ou encore pour estomper les tâches cutanées (couperose…)

*une cuillère à soupe de fleurs séchées dans une tasse d’eau frémissante, laisse infuser 10 minutes, laisse refroidir et c’est prêt à être utiliser en lotion.

Recette de baume à la primevère

  • 90 gr de Macérât huileux de primevères
  • 10 gr de beurre de Karité
  • 12 gr de cire d’abeille (ou cire de candellila, de riz ou autre cire végétale)
  • 8 gouttes de vitamine E ou 4 gouttes d’huile essentielle (lavande, romarin ou tea tree) facultatif

Commence par nettoyer et désinfecter le matériel et le plan de travail. Place le macérât, le beurre de karité et la cire d’abeilles dans un récipient au bain marie et laisse fondre en mélangeant. Une fois l’ensemble fondu, sors le du feu et ajoute les huiles essentielles ou la vitamine E et coule la préparation dans les pots.

Pense à mettre une étiquette pour y indiquer le nom de la préparation et la date de fabrication.

Ce baume peut être utiliser pour les égratignures, les piqures d’insectes, les coups, les bosses, les bleus.

En cuisine

Eh oui ! elle se mange ! Tu peux consommer ses fleurs (c’est joli sur un plat) et ses feuilles en salade. Quelques feuilles, en mélange avec d’autres plantes sauvages (feuilles de violettes, d’alchémille, de lierre terrestre, d’égopode….), trois ou quatre pomme de terre, tu fais cuire le tout dans une casserole d’eau, tu mixes et tu obtiens un potage léger et délicieux. On peut aussi mettre les feuilles dans les quiches et les farces. A toi l’imagination !

Tu peux utiliser, avec parcimonie, les racines de la plante, elles ont un goût d’anis. Elles peuvent parfumer certains dessert comme les crèmes aux œufs en les laissant infuser dans du lait. A toi de tester !

Légende

Je ne pouvais pas écrire et terminer mon article sur la primevère sans te parler de sa légende. Eh oui ! Je suis aussi conteuse ! https://lepaysdescontes.com

Les fleurs de primevères sont aussi appelés clés de Saint Pierre. Je vais te raconter pourquoi ?

En ces temps anciens, la haut dans le ciel, Saint Pierre gardien du Paradis surveillait la terre et les hommes. Tout était calme au paradis et sur terre et Saint Pierre s’ennuyait. Un jour alors qu’il observait un groupe d’hommes et de femmes, il s’est aperçu que certains étaient en train de conspirer pour entrer au paradis par une porte dérobée. Saint Pierre les a écoutés pendant un instant, puis il est allé trouver les anges pour leur parler de ce qu’il avait entendu et leur demander conseil. Il est parti si précipitamment, qu’il a trébuché et les clés du paradis qu’il tenait dans ses mains, lui ont échappées. Elles sont tombées sur la terre au milieu d’un pré. Elles sont restées pendant plusieurs années, sans que jamais personne ne les trouvent, si bien que le temps a passé et les clés se sont transformées en fleurs. Ces jolis fleurs couleur de soleil, en forme de trousseau de clés, ce sont les primevères que l’on appelle « coucou » ou clés de Saint Pierre.